Moo Kratha (หมูกระทะ)

Moo Kratha

Le barbecue thaï entre feu et bouillon

En Thaïlande, il existe une tradition culinaire qui va bien au-delà de la simple cuisine. Le Moo Kratha (ou Mookata), littéralement « la poêle à porc », est une expérience chaleureuse, un moment de partage où la frontière entre repas et rituel social s’efface dans la fumée parfumée.
Entre barbecue coréen et fondue asiatique, le Moo Kratha est devenu au fil du temps un incontournable des soirées thaïlandaises, des repas entre amis ou en famille, ou même d’un simple dîner improvisé sur un trottoir animé de Bangkok.


Une cuisson unique, entre grillade et bouillon

Le mot “Moo” (หมู) signifie porc, et “Kratha” (กระทะ) désigne une poêle métallique. Ensemble, ils décrivent un ustensile emblématique : un dôme central pour faire griller la viande, bordé d’une rigole où mijote un bouillon parfumé.

Pendant que les tranches de porc croustillent au sommet, leurs sucs tombent dans le bouillon, lui donnant du goût. Ce dernier accueille une variété d’ingrédients, selon les envies et les saisons. C’est un festin simple mais riche, fait pour être partagé.



Une invention populaire devenue incontournable

Le Moo Kratha est une création relativement récente, apparue dans les années 1990, et inspirée à la fois des fondus chinoises et des barbecues asiatiques. Son succès s’explique par son accessibilité : peu coûteux, facile à mettre en place, et très convivial.

Aujourd’hui, il est omniprésent : dans les restaurants à volonté, sur les marchés de nuit, ou chez les particuliers. Des ensembles “Moo Kratha” portables (au charbon, au gaz ou électriques) se vendent un peu partout, permettant de recréer cette ambiance chez soi.


Ingrédients typiques : simplicité et abondance

Si le porc mariné reste l’ingrédient phare, de nombreux aliments peuvent enrichir l’expérience :

  • Viandes : porc, bœuf, poulet, boulettes
  • Fruits de mer : crevettes, calamars, poissons
  • Légumes : chou chinois (pak kaat khao ผักกาดขาว), courge, carotte, champignons (het เห็ด)
  • Autres : tofu, œufs de caille, nouilles de riz (sen lek เส้นเล็ก)

Le bouillon est souvent simple mais parfumé (ail, herbes, parfois un peu de citronnelle). Il s’enrichit naturellement des ingrédients ajoutés au fil du repas.



Et les sauces ?

La sauce est un élément fondamental du Moo Kratha. Chaque restaurant (ou famille) a sa recette, mais les bases sont souvent les mêmes :

  • Nam chim suki (น้ำจิ้มสุกี้) : sauce à base de piment, ail, sésame, citron vert et sauce soja
  • Nam chim jaew (น้ำจิ้มแจ่ว) : sauce plus sèche, au piment grillé, tamarin et poudre de riz

Elles sont généralement piquantes, mais on peut les adoucir avec un peu de sucre de palme ou d’eau.


Une cuisine de lien et de chaleur

En Thaïlande, manger est toujours un acte social. Mais avec le Moo Kratha, cette dimension prend une autre ampleur. Chacun cuisine à son rythme, partage, discute, surveille les cuissons, se taquine à propos des morceaux trop grillés ou oubliés dans le bouillon… On rit autour du feu, on échange les morceaux, on prend son temps. C’est une cuisine participative et humaine, où la nourriture devient un prétexte pour être ensemble.

À travers lui, on retrouve un trait typique de la culture thaïlandaise : le goût du partage, de la détente, et de la simplicité chaleureuse.
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